Tout a débuté par une forme originale et on ne compte plus ses propriétaires célèbres ni les anecdotes qui entretiennent le mythe. « Le secret de la Tank, c’est sa simplicité, confie Pierre Rainero, directeur de l’image et du patrimoine chez Cartier. Son dessin est le fruit d’une recherche maximale d’épure et d’ergonomie. Louis Cartier rêvait d’un beau tombé. Pour cela, il a mis à profit sa culture joaillière. La fonction d’être portée au poignet a créé sa forme, il ne pouvait pas se contenter du rond traditionnel. » C’est ainsi qu’est né ce cadran carré, pris entre deux lignes parallèles intégrant un bracelet coupé dans sa continuité. Elle est baptisée officieusement la « normale », puis la « Louis -Cartier ». Son surnom de « Tank » lui viendra plus tard, tant ses lignes rappellent celles d’un char d’assaut vu du dessus. Le cadran pour l’habitacle, les brancards pour les chenilles. Son allure est révolutionnaire, le succès est immédiat. Dès sa première apparition au cinéma, un destin hors du commun s’annonce. Elle n’est âgée alors que de 9 ans – nous sommes en 1926 –, la Tank crève l’écran au poignet de Rudolph Valentino dans « Le fils du cheik ». L’acteur ne veut quitter sa montre, pourtant anachronique, sous aucun prétexte. Dès lors, gotha international, artistes, politiques… tous succombent à la Tank. Dans les années 1960, Yves Montand est séduit par Marilyn Monroe et n’hésite pas à l’enlacer devant les objectifs, dévoilant sa Tank offerte par Simone Signoret. Peu après ce scandale hollywoodien, en 1966, Audrey Hepburn porte sa Tank dans « Comment voler un million de dollars ». Dans les années 1970, la popularité de la montre est à son comble. Alain Delon, un de ses plus célèbres collectionneurs, porte la même que celle de Jean-Pierre Melville en 1972 sur le tournage du film « Un flic ». Truman Capote déclare dans une interview, en 1973, en avoir au moins sept à la maison et en offre une à son interlocuteur lorsqu’il apprend que c’est son anniversaire. Mémorable, Mohamed Ali vient en 1976 à la pesée précédant un combat vêtu d’un slip… et d’une Tank. Dans les années 1980, la saga Tank sera marqué par Yves Saint Laurent qui prend la pose devant l’objectif d’Irving Penn.
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«On ne devrait pas parler de la Tank, mais des Tank, dit Pierre Rainero. Au fil de ses déclinaisons, elle a su évoluer avec son temps tout en restant elle-même, conservant son design puissant. » C’est ainsi que la légende continue de s’écrire. Tout d’abord par une autre histoire, celle de Jackie Kennedy dont le modèle de 1962 a été acheté aux enchères en juin dernier à New York pour 379 500 dollars par Kim -Kardashian. Et ensuite, par le lancement de modèles célébrant son centenaire. Une collection anniversaire basée sur les dessins de trois de ses plus célèbres exécutions. La Louis Cartier née en 1922, quintessence de l’esprit Tank, l’américaine lancée en 1988 au boîtier allongé et cambré, et la française qui a vu le jour en 1996. Plus compacte et enserrant son boîtier au cœur d’un bracelet en métal.
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